Charles Cros |
Elle avait de beaux cheveux, blonds Comme une moisson d'août, si longs Qu'ils lui tombaient jusqu'aux talons. Elle avait une voix étrange, Musicale, de fée ou d'ange, Des yeux verts sous leur noire frange. Lui, ne craignait pas de rival, Quand il traversait mont ou val, En l'emportant sur son cheval. Car, pour tous ceux de la contrée, Altière elle s'était montrée, Jusqu'au jour qu'il l'eut rencontrée. L'amour la prit si fort au cour. Que pour un sourire moqueur, Il lui vint un mal de langueur. Et dans ses dernières caresses : « Fais un archet avec mes tresses. Pour charmer tes autres maltresses. » Puis, dans un long baiser nerveux. Elle mourut. Suivant ses voux, Il fit l'archet de ses cheveux. * Comme un aveugle qui marmonne. Sur un violon de Crémone Il jouait, demandant l'aumône. Tous avaient d'enivrants frissons A l'écouter. Car dans ces sons Vivaient la morte et ses chansons. Le roi, charmé, fit sa fortune. Lui, sut plaire à la reine brune Et l'enlever au clair de lune. Mais, chaque fois qu'il y touchait Pour plaire à la reine, l'archet Tristement le lui reprochait. Au son du funèbre langage, Ils moururent à mi-voyage. Et la morte reprit son gage. Elle reprit ses cheveux, blonds Comme une moisson d'août, si longs Qu'ils lui tombaient jusqu'aux talons. |
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Charles Cros (1842 - 1888) |
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Portrait de Charles Cros | |||||||||
BiographieNé à Frabrezan, dans l'Aude, en 1842, Charles Cros reçoit une éducation soignée de la part de son père, lui-même issu d'une famille de professeurs. Dès son adolescence, il étudie le sanscrit, l'hébreu, mais aussi la musique et les mathématiques. Cros eut d'ailleurs une très riche carrière d'inventeur : avant même Edison, il imagina le principe du phonographe et il fut le premier à créer des épreuv |
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