Jean Anouilh |
Le chien suivait l'enterrement du maître. Il pensait aux caresses ; Et il pensait aux coups. Les caresses étaient plus fortes... Dans le cortège, on s'indignait beaucoup. On excusait la veuve - elle était comme morte. On pardonnait à la maîtresse (Elle était morte aussi). Mais, qu'en la présence du prêtre, La bonne ait pu laisser vagabonder ainsi Ce chien au milieu du cortège ! Ah ! Ces filles vraiment ne se font nul souci. Quelqu'un, l'ordonnateur, la famille, que sais-je ? Aurait dû l'obliger à attacher le chien ! Elle-même, voyons ! C'est une propre à rien Qui n'avait même pas l'excuse du chagrin. Pourquoi la gardaient-ils? Un ménage d'artistes... De véritables bohémiens. Ce monde-là vivait d'une étrange manière... De coup de pied en coup de pied dans le derrière, Rejeté à la queue du cortège, le chien Songeait que seule la bonne était triste; La bonne qui ne disait rien, Et à qui ne parlait personne. Il suivit jusqu'au bout aux côtés de la bonne. Au cimetière, tous les deux au dernier rang Ils écoutèrent le discours du président De la Société des Auteurs Dramatiques. A la fin, las du pathétique, Le chien s'avança posément Et, pour venger un peu la bonne, Il pissa sur une couronne. |
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Jean Anouilh (1910 - 1987) |
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Portrait de Jean Anouilh | |||||||||
CarrièreFormation Biographie de jean anouilh Jean Anouilh est né en 1910 à Bordeaux (France). Son père est tailleur et sa mère est musicienne et professeur de piano, elle joue dans un orchestre se produisant sur des scènes de casino en province. OuvreThéâtre |
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