Abdellatif Laâbi |
Un jour ils sont venus te chercher toi aussi Ils ne pouvaient pas te pardonner d'être la compagne du poète insoumis d'aimer un paria et de le soutenir de ta propre résistance Tu connus la nuit du bandeau le souterrain de la Question tu entendis ces voix d'outre-humanité tonitruant menaces et sarcasmes tu sentis devant toi ces loques d'hommes (ô si peu hommes) que tu savais tortionnaires et assassins tu sentis près de toi d'autres hommes (un peu plus qu'hommes ordinaires) striés d'électrodes et de fouet mais le cour intact Voilà il n'y a plus rien à te cacher des multiples contrastes du pays du soleil Et puis tu me revins Tu étais un peu pâle, amaigrie mais dans tes yeux il y avait une grande tache incandescente où se noyait un petit grain d'inquiétude Et quand tu es partie et que la nuit enleva les couches superficielles de ma fureur j'ai pris une lettre pour t'écrire et j'ai détaché du vif de ma chair le cri le plus vigoureux de ma fraternité |
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Abdellatif Laâbi (1942 - ?) |
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Portrait de Abdellatif Laâbi | |||||||||