Abdellatif Laâbi |
Ce matin après une longue claustration on m'a permis de faire la promenade quinze minutes dans un couloir terrain vague jonché de débris de verre et de boîtes de conserve rouillées Un « fonctionnaire » gardait la grille À l'autre bout de mon terrain de parcours un autre le fusil en bandoulière Tout cela en l'honneur d'un homme malade épuisé par quinze jours de grève de la faim Mais ça ne me fait plus rien d'être regardé comme un fauve ruminant de sombres cavales et dont il faut se méfier du moindre geste anodin Je sais même que ces hommes-là veillant sur la direction de mes pas sont peut-être compatissants ou au minimum indifférents question de faim et trop de misère Il y avait un soleil à faire perdre la tête le ciel était bleu, bleu je ne savais plus où donner de la tête en regardant là-haut Alors j'ai fermé les yeux et je me suis baigné la face et les mains dans ces troublantes noces des éléments puis mon cour s'est mis à battre à son rythme naturel celui du cours régulier de l'espoir |
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Abdellatif Laâbi (1942 - ?) |
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Portrait de Abdellatif Laâbi | |||||||||