Abdellatif Laâbi |
Parfois oh si rarement tu n'en pouvais plus du tourbillon du quotidien de l'érosion du travail visible et invisible de ce vide qui s'élargit autour de toi fait de la lâcheté des uns du désert intérieur des autres et tes larmes coulaient indépendamment de ta volonté mais bien vite le sourire revenait soulevait ton poing fermé avant les adieux À ces moments j'étais désemparé et l'exemple permanent d'espoir qui me venait à l'esprit était celui de ces femmes des rizières portant bien haut aujourd'hui la voûte du ciel de Hô Chi Minh Qui dit qu'elles n'ont jamais pleuré lorsqu'elles transportaient la terre piquaient le riz moissonnaient sous les bombes ? Mais toujours elles peinaient guettant le ciel les oiseaux d'acier et de carnage et plus encore le soleil rouge de la victoire certaine Nous aussi nous avons comme une guerre à soutenir Elle est moins dévastatrice mais peut-être plus subtile Nous aussi nous guettons notre ciel ses promesses Alors tu finissais par convenir avec moi que nous serons toujours les plus forts car le soleil n'a pas de patrie |
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Abdellatif Laâbi (1942 - ?) |
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Portrait de Abdellatif Laâbi | |||||||||