Naissance: 1555 Cerdon (Ain)
Décès: 1620 Paris
Abraham de Vermeil, est un poète baroque français.
Sa vie est très peu connue. Après avoir servi sous Henri de Navarre, il se retire pour se consacrer à la poésie. Il est l'auteur d'une centaine de pièces en vers parues dans des recueils contemporains tels que Le Parnasse des poètes français et Les Muses françaises ralliées3. Il est anobli en 1593 par Charles Emmanuel, duc de Savoie, auquel il avait dédié un poème, et il est député de la noblesse du Bugey auprès de Henri de Navarre en 1605.
Parmi tous les poètes oubliés ou méconnus remis récemment en lumière, Abraham de Vermeil mérite à coup sûr le vif intérêt que suscite aujourd'hui son ouvre. S'il est à l'évidence dans la grande lignée pétrarquisante de son temps et si sa poésie est nourrie des grands maîtres de l'Antiquité et de l'Italie de la Renaissance, la façon dont il traite les thèmes traditionnels de la lyrique amoureuse n'appartient qu'à lui. Se faisant une haute idée de la poésie, refusant de la réduire à des élégances galantes et à des ornementations gratuites, il veut au contraire traduire en ses vers ce qui fait le fond tragique de l'amour et de la vie. Il emploie pour cela les effets surprenants, ne craint pas de construire un poème entier sur l'union des contraires, joue sur les harmonies de couleurs en assemblant les pierres précieuses dans un sonnet-écrin, pousse les images à leur extrême en ménageant toujours à sa recherche un fond de naturel, et cimente l'artifice des douleurs convenues d'une sensibilité tourmentée. Marquée par un temps cruel, sa poésie résonne douloureusement, sans qu'aucune assurance ultime vienne lui apporter l'espoir d'un réconfort. La structure des poèmes, le rythme des vers, le traitement des images traduisent cette déchirure et cette inquiétude : le choc d'une existence confrontée à la douleur d'aimer et à la cruauté de vivre.
Ses 99 pièces poétiques de formes et de longueurs diverses ont été publiées dans des recueils collectifs entre 1600 et 1625, le premier d'entre eux étant la Seconde partie des Muses françaises ralliées de 1600.
Il y a peu à ajouter à la page que Samuel Ginchenon consacre à ce poète dans son Histoire de Bresse et de Bugey en 1650 :
« Abraham de Vermeil, originaire de la ville de Cerdon. Au commencement, il porta les armes sous le Roi Henri le Grand, lors Roi de Navarre pendant la Ligue, auprès duquel un sien Oncle son Médecin le fit élever avec beaucoup de soin ; mais comme sa principale inclination était aux lettres, il se retira à Paris où il s'adonna entièrement à la poésie Française, en quoi il réussit très-bien. Il a fait plusieurs bonnes pièces dont quelqu'une se voient au livre intitulé, Le Parnasse des Poètes François, et aux Muses Ralliées. Lors que Charles-Emanuel Duc de Savoye fut en France, tous les Poètes du temps s'essayèrent de lui plaire par plusieurs pièces qu 'ils lui dédièrent, mais la mieux reçue fut un poème de Vermeil pour récompense duquel, le Duc de qui il était sujet l'Annoblit par lettres datées à Turin le 14. Octobre 1593, Vérifiées en la Chambre des Comptes de Savoye, en Janvier 1594, et lui donna pour armes d'or à un Taureau rampant de gueules armé de synople avec cette devise, Utilis, et laboriosus. Il avait entrepris un grand ouvrage qui est l'histoire de Saint Louis en vers français héroiques disposée en 24 livres, laquelle il acheva un an avant que mourir; elle n'a jamais été imprimée; son manuscrit est encor entre les mains du Sieur de Bordes-Chastelet, de Cerdon, corrigée en plusieurs endroits de la main de Nicolas Ricbelet Avocat au Parlement de Paris son Ami, l'un des plus polis esprits de son temps qui après l'avoir vu, et loué son dessin, lui envoya des vers Latins pour mettre au devant de son ouvrage, lesquels l'ayjugé à propos d'insérer ici pour témoignage de la bonté de la pièce. » (Pas moi : J. R. )
Par la suite, Abraham de Vermeil s'installera à Paris pour se consacrer à sa passion, l'écriture, et en particulier la poésie. Malheureusement, très peu de ses écrits sont parvenus jusqu'à nous. Il serait l'auteur d'une centaine de pièces en vers, dispersées à partir des années 1600 dans deux recueils de poésie; La Parnasse des poètes français, et Les Muses françaises raillées (seconde partie).
Étude : Henri Lafay, introduction à son édition des Poésies, p. VII-XIII.
