Agrippa d'Aubigné |
Accourez au secours de ma mort violente, Amants, nochers experts en la peine où je suis, Vous qui avez suivi la route que je suis Et dl'amour éprouvé les flots et la tourmente. Le pilote qui voit une nef périssante, En l'amoureuse mer remarquant les ennuis Qu'autrefois il risqua, tremblé et lui est advis Que d'une telle fin il ne perd que l'attente. Ne venez point ici en espoir de pillage : Vous ne pouvez tirer profit de mon naufrage, Je n'ai que des soupirs, de l'espoir et des pleurs. Pour avoir mes soupirs, les vents lèvent les armes. Pour l'air sont mes espoirs volages et menteurs La mer me fait périr pour s'enfler de mes larmes. Miséricorde, ô cieux, ô dieux impitoyables Épouvantables flots, ô vous pâles frayeurs Qui même avant la mort faites mourir les cours, En horreur, en pitié voyez ces misérables ! Ce navire se perd, dégarni de ses câbles, Ces câbles, ses moyens, de ses espoirs menteurs : La voile est mise à bas, les plus fermes rigueurs D'une fière beauté sont les rocs imployables ; Les mortels changements sont les sables mouvants, Les sanglots sont éclairs, les soupirs sont les vents, Les attentes sans fruit sont écumeuses rives, Où, aux bords de la mer, les éplorés amours, Voguant de petits bras, las et faibles secours, Aspirent en nageant à faces demivives. |
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Agrippa d'Aubigné (1552 - 1630) |
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Portrait de Agrippa d'Aubigné | |||||||||
Biographie / chronologieThéodore Agrippa d'Aubigné, fils de Jean d'Aubigné seigneur de Brie en Xaintonge et de Damoiselle Catherine de l'Estang, nasquit en l'hostel Saint-Maury pres de Pons l'an 1551, le 8e de febvrier, sa mere morte en accouchant, et avec telle extremité que les medecins proposerent le choix de mort pour la mère ou pour l'enfant. Il fut nommé Agrippa (comme aegre partus)... |
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