Agrippa d'Aubigné |
Arrière de moi vains mensonges, Veillants et agréables songes, Laissez-moi, que je dorme en paix : Car bien que vous soyez frivoles, C'est de vous qu'on vient aux paroles, Et des paroles aux effets. Voyez au jardin les pensées De trois violets nuancées, Du fond rayonne un beau soleil : Voilà bien des miennes l'image, Sans odeur, sans fruit, sans usage, Et ne plaisent qu'un jour à l'oil; Ce n'est qu'Amour en l'apparence, Ce n'est qu'une verte espérance, Que rayons et vives clartés : Mais cette espérance est trop vaine, Ce plaisir ne produit que peine, Et ses rayons obscurités. Mes désirs s'envolent sans cesse De la fureur à la finesse, Le milieu est des cours bénins : On peint la Chimèrel de même, On lui donne à ses deux extrêmes Ou les lions, ou les venins. Ce qui se digère par l'homme Se fait puant; voyez-vous comme C'est un dangereux animal, Changeant le bien en son contraire : Car ce qui est vain à bien faire, Ne l'est pas à faire du mal. |
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Agrippa d'Aubigné (1552 - 1630) |
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Portrait de Agrippa d'Aubigné | |||||||||
Biographie / chronologieThéodore Agrippa d'Aubigné, fils de Jean d'Aubigné seigneur de Brie en Xaintonge et de Damoiselle Catherine de l'Estang, nasquit en l'hostel Saint-Maury pres de Pons l'an 1551, le 8e de febvrier, sa mere morte en accouchant, et avec telle extremité que les medecins proposerent le choix de mort pour la mère ou pour l'enfant. Il fut nommé Agrippa (comme aegre partus)... |
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