Ahmed Mejjati |
Je suis l'oublié dans les carrières sous la sourde falaise Les clous de la fumée mangent à même mes artères À peine si je dors et me réveille L'horizon m'a dépassé et s 'est dénoué entre Dieu et moi Toutes mes certitudes ont volé en éclats Qu'est le grondement des vagues ? Que sont les fleuves ? Qu*est l'éternité qui s'éloigne la permanence qui rudoie ? Que veut dire que je me radoucisse tende la main et choisisse ? Que je rallonge dans un rêve ou me rétracte dans un souvenir ? Je suis l'oublié Les aboiements de la nuit veillent à ma porte Des ombres diaboliques dansent à la vague lueur des étoiles L'ombre des ailes des faucons s'étend Des algues s'assoupissent sur le tapis du lac Des nuages d'euphorie transis de mort passent sur mes yeux Ma main gratte le sable Dans la pénombre, je tresse une corde Peut-être en ferais-je sept nattes pour mes nièces ou serais-je repris par le doute si j'entendais l'appel à la prière de l'aube Ô mes aimés voici une éternité que les ponts ne se sont pas tendus entre nous Plus de chevaux qui s'élancent plus de vent qui se pavane La rouille a condamné les poignards au fourreau Je resterai ici au pied du mur ombre qu'enveloppe le flux et déploie le grondement des vagues Malheur ! Toutes mes certitudes ont volé en éclats Qu'est le grondement des vagues ? Que sont les fleuves ? Je suis l'oublié dans les carrières |
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Ahmed Mejjati (1936 - 1995) |
Portrait de Ahmed Mejjati |