Alain Jouffroy |
À genoux dans le gel perclus malgré les hasards sur la plage je masse l'étendue de la mer caresse à la clé panoplie ou poussière de viandes quelle nacre te déterre ? le bordel suinte par tous les nouds 2 tendrement menacé mais la guerre infectant tes gencives ton genou à vif comme une goutte calmé mais centuplé par les fontaines ça grimpe ta moelle et s'accroche à tes glandes caillé quartz ça clame dans ton engrenoir écueils en coups de poing sur la glotte ça gratte ton poison ça darde et ça crêpe même le venin te harnache et toute la racaille printanière vient te renifler dans les coins 3 là où le pire n'a plus de prise défenestré par la poigne macabre ça culbute et ça plonge aux racines de la colère là où ça boit le flanc de ton univers il suffoque, le Nul ! étrier vidé de sa proie il a beau secouer le cornac et la crème le Corse abatteur de charmes la brute à fleur de voie lactée te corsète de sourires Tape sa mort contre terre ! tape son tempérament ! tape son entêtement contre tous les néants ! - le blasphème te pardonnera 4 l'ancre jetée en nasse violette c'est au tour du soleil de clamser le bord-à-bord du vertige lui échoit pourvu que ça bouscule le courage c'est le signal pourvu que les maisons se dissolvent dans le ça c'est le chemin avance, avance, avance les horizons se rabibochent avec la cendre tout le paysage est flasque et tu t'étales dans un grand murmure de veau écrasé 5 « on ne sait jamais » dit l'ombre quatre les serrures sont bloquées les drapeaux ont foutu le camp ne reste que le sel sur la langue et ces familles affreuses ne reste que l'écorce écorchée la glèbe la mélancolie banlieusarde des papiers glissés sous la porte mais non je me trompe - loup-de-mer - les montagnes de joie sont là DEBOUT COMME DES MARCHANDES DE POISSON 6 jamais je n'ai su compter jusqu'à l'océan Pacifique pourtant quelle vie de boules nous menions sur le tapis vert la nuit naît de cette nappe de nerfs la lune est un crochet du gauche et quand je me voile sous le linceul du silence quelque chose en moi réclame la qualité je ne sais cette chanson éraillée pour les vieux ma jeunesse se targue et quand je me promène sur la scène le théâtre se coquillage et le souffleur se perle 7 puissante est la passion puissante la déraison puissante la force d'attraction puissante la terre sans frontières - puissante la calme femme sans chapeau ivre d'aller de l'homme à la liberté mais pour contrecarrer l'action coercitive la puissance des lampes de la poitrine tout ce que le cour a de lames et de marées les coups de barre dans le noir l'ample désespoir sous sa couverture de palmes le psaume, même ne suffisent jamais ce qu'il faut c'est une bille dans ton numéro 77 basta ! 8 Toi qui ne recules devant rien coup d'archet du tigre monument échevelé du charme fusais tu sais que cette tragédie infime chaque jour se répercute à gogo dans tous les miroirs de poche et que 'essentiel c'est de jeter la quatrième arche par-dessus les cris par-dessus (?) par-dessous (?) partout (?) là où il y a du bruit des à-peu-près et du crime ici. |
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Alain Jouffroy (1928 - ?) |
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