Alain Jouffroy |
De vitrine à victoire, le mannequin Glisse - son imperceptible venin agit ! Ménagée par l'ennui, mutilée mais sincère, La femme désire qu'Ananké la dépasse. Émerveillée, elle vagit. Son cour bat Le rappel du chaos. Le voyage la démange. Le poète authentique innocente sa mort, Canonise son sang boueux sur ses fleurs piétinées Surprise, toutes griffes dehors, elle déteste Qu'il l'habille, qu'il la maquille à son gré. Fantoche de chair, soupirante fanée, Il l'accule à avouer son cour rare, Son pubis tendu et martelé, l'anémone De ses genoux, le Carmel de son corps bafoué. Augusta, féroce, glorifie son bifteck nacré. Ses gants givrés m'aveuglent de leurs feux. Je l'ai chagrinée. Elle est morne, avachie. Je l'ai combattue. Elle s'est ruinée À m'écorcher. Les joyaux de ses plaies La comblent. Mariée à ma déchirure, Hurlante et fière de ses hauts faits, elle est sacrée. Pauline seconde la lèpre heureuse, s'ingénie À chasser les miasmes enchanteurs de sa chambre. Charmante, elle m'étiole. Elle s'agglutine À ses glandes. Surpeuplée de douceurs, elle Dote de diamants candides ma pauvreté. Sale, égarée, toujours traquée par dix policiers, Elle jette l'injure de ses baisers sur ma bouche. La volupté, fureur oisive, s'abat sur mes épaules. Engourdie par le gouffre qui l'étreint, elle geint, Elle imagine sa pourriture, elle jaunit - et défaille dans les bras de son groom. Virile, mystique, Armelle rivalise d'éclat Avec l'éclat spasmodique de la colère. Ordure emperlée de rosée, chinoise, Délicatement insérée dans un réseau sanglant De ciels vacants, toujours ouverte au lit, Messagère du néant au sommet du frisson, Elle nargue l'ineffable. Antonia, sour siamoise du malheur, Rêveusement, sort du bordel, badine, butine Le pollen mâle, Écharpe la rage réticente des foules, Gaspille ses battements de cils. Puis, Bouche bée devant le banal banquet du parangon pervers Qui, d'elle, veut tirer l'inévitable Dame d'Ennui dévoilant, L'éclaircie clairsemée, le petit gris quotidien, L'hermine innée du noir, l'Antonia Nil du Temps - elle mange ! Julienne, l'ingénue, joue au douroucouli. - Oublieuse rafale de caresses criantes, Acide, sa ferveur aiguë agace les gencives. Armande, vivace, prémédite l'alchimie stérile des tortures, Mère récidiviste, revient sur les lieux exaltés Par le frémissement de babines des hyènes hystériques. Elle erre, elle pullule, elle machine les destins, Lancinant éclair avorté. Armande est armée. Elle nuit aux poumons comme une lave. Dans ses bras, accolade de la mort, elle étreint l'unanimité De ses fils. Elle nantit la norme d'une tradition De vacarme endémique. Elle détache son néant danois Et les êtres, blessés par sa morgue, tiennent leur langue à carreau. Nathalie, sour paronyme de la naissance, Masse la chair vulnérable des héros, Les assujettit au socle crétinisant de leurs statues. Mâle, vile, violente, antipathique pythie, Pluriel féminin, Elle muselle ses désirs effrénés et murmure : « Mes frères, à tort mes affres vous effraient : « Le jour sourd de mon sang, je vous envoie son messager. » |
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Alain Jouffroy (1928 - ?) |
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