Alain Jouffroy |
Enfant de la forge, Partant en flèche dans les failles de l'informulé, J'effraie les fils de la mollesse. Ils dénient - tous - Ma manie de renverser le signe de mon envolée. Si je me voulais vivant vainqueur De mes bouderies, de mes dénégations, Je sacrifierais mon pacte, Mais sacrifié, acculé à moi Comme au dernier des box, Ma main tapoterait quelques secondes le bord du monde Et, tavelée, s'effriterait, ruine romaine. Échappant à ma forge, je fais Volte-face dans la fugitive influence du rien. Surpris, j'entends mon alter ego, Alors que d'impatientants obstacles Limitent mon orbe à ma tête. Je cloisonne l'illimité, Calfeutre mes phrases, honteux De voir briller - si tôt - mes nerfs lugubres. Je convoque ma jeunesse et lui dis : Comprends-moi. Tu t'es acharnée À gaspiller tes exigences. Tu t'es niée. Tu t'es expurgée de monumentales poutres, Tu as déraciné des baobabs d'erreurs. Vaincue, transfigurée, qu'es-tu, Sinon fatiguée, méconnue ? Toi qui voulais arracher des miaulements à la pierre, Tu meurs, tu trébuches Sur le seuil effilé du réel. Comprends-moi. Détends-toi. Mes nuées actuelles te nient, Eclipsent tes astéroïdes surannés. Où me conduisais-tu, vide encore de projets ? Tu piétinais, dans l'attente d'un non-lieu universel! Et déjà, Le tombereau du soleil cannibale grinçait dans tes jambes. |
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Alain Jouffroy (1928 - ?) |
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