Alexandre Toursky |
La maladie installe de surprenants décors. Elle sait qu'il importe d'abord de méduser. Pour ce faire, elle change volumes et couleurs, donne à tout un visage fermé. Ce caractère d'étrangeté la nomme dans ce que l'habitude retrouvait chaque jour. La perte d'un objet peut souvent l'annoncer. De simples maladresses, - un verre qu'on renverse, des mots que l'on oublie - préparent le terrain. Le mal ne s'aventure jamais dans une chambre dont les meubles respectent leur juste emplacement. En certains cas bénins, la symétrie peut être puissamment préventive ! Remis droit, un tableau importune la fièvre. Les bruits n'entrent en scène qu'au milieu du désordre. A son aise, le sang cogne dans les cloisons, clouant ses projecteurs, ceinturant d'angles vifs, d'échos, d'éclairs, d'échardes, le désarroi du corps : C'est trop tard ! Les symptômes quittent le dictionnaire et deviennent de chair. La réalité saute le mur des mots. On souffre. |
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Alexandre Toursky (1917 - 1970) |
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Portrait de Alexandre Toursky | |||||||||