Alfred de Musset |
Rappelle-toi, quand l'Aurore craintive Ouvre au Soleil son palais enchanté; Rappelle-toi, lorsque la nuit pensive Passe en rêvant sous son voile argenté; À l'appel du plaisir lorsque ton sein palpite, Aux doux songes du soir lorsque l'ombre t'invite, Écoute au fond des bois Murmurer une voix : Rappelle-toi. Rappelle-toi, lorsque les destinées M'auront de toi pour jamais séparé, Quand le chagrin, l'exil et les années Auront flétri ce cour désespéré; Songe à mon triste amour, songe à l'adieu suprême! L'absence ni le temps ne sont rien quand on aime. Tant que mon cour battra, Toujours il te dira : Rappelle-toi. Rappelle-toi, quand sous la froide terre Mon cour brisé pour toujours dormira; Rappelle-toi, quand la fleur solitaire Sur mon tombeau doucement s'ouvrira. Je ne te verrai plus; mais mon âme immortelle Reviendra près de toi comme une sour fidèle. Écoute, dans la nuit, Une voix qui gémit : Rappelle-toi. |
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Alfred de Musset (1810 - 1857) |
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