André Breton |
Dis ce qui est dessous parle Dis ce qui commence Et polis mes yeux qui accrochent à peine la lumière Comme un fourré que scrute un chasseur somnambule Polis mes yeux fais sauter cette capsule de marjolaine Qui sert à me tromper sur les espèces du jour Le jour si c'était lui Quand passe sur les campagnes l'heure de traire Descendrait-il si précipitamment ses degrés Pour s'humilier devant la verticale d'étincelles Qui saute de doigts en doigts entre les jeunes femmes des fermes toujours sorcières Polis mes yeux à ce fil superbe sans cesse renaissant de sa rupture Ne laisse que lui écarte ce qui est tavelé Y compris au loin la grande rosace des batailles Comme un filet qui s'égoutte sous le spasme des poissons du couchant Polis mes yeux polis-les à l'éclatante poussière de tout ce qu'ils ont vu Une épaule des boucles près d'un broc d'eau verte Le matin Dis ce qui est sous le matin sous le soir Que j'aie enfin l'aperçu topographique de ces poches extérieures aux éléments et aux règnes Dont le système enfreint la distribution naïve des êtres et des choses Et prodigue au grand jour le secret de leurs affinités De leur propension à s'éviter ou à s'étreindre A l'image de ces courants Qui se traversent sans se pénétrer sur les cartes maritimes Il est temps de mettre de côté les apparences individuelles d'autrefois Si promptes à s'anéantir dans une seule châtaigne de culs de mandrilles D'où les hommes par légions prêts à donner leur vie Échangent un dernier regard avec les belles toutes ensemble Qu'emporte le pont d'hermine d'une cosse de fève Mais polis mes yeux A la lueur de toutes les enfances qui se mirent à la fois dans une amande Au plus profond de laquelle à des lieues et des lieues S'éveille un feu de forge Que rien n'inquiète l'oiseau qui chante entre les 8 De l'arbre des coups de fouet |
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André Breton (1896 - 1966) |
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Portrait de André Breton | |||||||||
La vie et l'ouvre d'andré bretonAndré Breton est né le 18 février 1896, à Tinchebray (Orne). En 1913, alors qu'il suit les cours du P.C.B. à Paris, il rencontre Paul Valéry, qui restera pour lui l'auteur de Monsieur Teste. Affecté en 1916 au service de santé à Nantes, il y trouve un étrange patient, Jacques Vaché, dont l'humour et le détachement singuliers le fascinent, comme à la même époque le fascinent la poésie de Rimbaud (e Essais, études et témoignages |
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