André Chénier |
Je meurs. Avant le soir j'ai fini ma journée. A peine ouverte au jour, ma rose s'est fanée. La vie eut bien pour moi de volages douceurs ; Je les goûtais à peine, et voilà que je meurs. Mais, oh! que mollement reposera ma cendre, Si parfois un penchant impérieux et tendre Vous guidant vers la tombe où je suis endormi Vos yeux en approchant pensent voir leur ami ! Si vos chants de mes feux vont redisant l'histoire; Si vos discours flatteurs, tout pleins de ma mémoire, Inspirent à vos fils, qui ne m'ont point connu, L'ennui de naître à peine et de m'avoir perdu. Qu'à votre belle vie ainsi ma mort obtienne Tout l'âge, tous les biens dérobés à la mienne; Que jamais les douleurs, par de cruels combats. N'allument dans vos flancs un pénible trépas; Que la joie en vos cours ignore les alarmes ; Que les peines d'autrui causent seules vos larmes; Que vos heureux destins, les délices du ciel, Coulent toujours trempés d'ambroisie et de miel, Et non sans quelque amour paisible et mutuelle. Et quand la mort viendra, qu'une amante fidèle, Près de vous désolée, en accusant les Dieux Pleure, et veuille vous suivre, et vous ferme les yeux |
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André Chénier (1762 - 1794) |
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Portrait de André Chénier | |||||||||
OuvresAndré Marie de Chénier, dit André Chénier, né le 30 octobre 1762 à Constantinople et mort guillotiné le 25 juillet 1794 à Paris, est un poète français. Il était le fils de Louis de Chénier. |
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