André Chénier |
Il est fou, il est la fable de tous les jeunes Cnidiens. Pour lui ce Praxitèle a, de sa main savante. Des antres de Paros fait sortir une amante ; Car, malheureux rival d'Anchise et de Paris, Il aime ce beau marbre, image de Cypris. Il a su, se cachant au fond du sanctuaire, Passer toute une nuit près de l'idole chère, Dont les contours divins ont laissé voir au jour La trace des fureurs d'un fol et vain amour. Il est toujours au temple avec son immortelle. Et là, seul, il la flatte, il lui dit qu'elle est belle, L'appelle par des noms mielleux, tendres, brûlants, Et parcourt à plaisir et son sein et ses flancs. D'autres fois il arrive inquiet, irascible, La gronde, la nommant dure, froide, insensible. Lui dit qu'elle est de pierre et qu'elle est sans appas, Puis lui pardonne, pleure, et la tient dans ses bras ; «Baise-moi», lui dit-il. Et sa bouche insensée Baise et presse longtemps cette bouche glacée, D'un doux reproche encor la caresse ; et sa main La punit mollement d'un injuste dédain. |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
André Chénier (1762 - 1794) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de André Chénier | |||||||||
OuvresAndré Marie de Chénier, dit André Chénier, né le 30 octobre 1762 à Constantinople et mort guillotiné le 25 juillet 1794 à Paris, est un poète français. Il était le fils de Louis de Chénier. |
|||||||||