André Chénier |
Mais telle qu'à sa mort pour la dernière fois Un beau cygne soupire, et de sa douce voix, De sa voix qui bientôt lui doit être ravie, Chante, avant de partir, ses adieux à la vie : Ainsi, les yeux remplis de langueur et de mort, Pâle, elle ouvrit sa bouche en un dernier effort. « O vous, du Sébethus Naïades vagabondes, Coupez sur mon tombeau vos chevelures blondes, Adieu, mon Clinias ; moi, celle qui te plus, Moi, celle qui t'aimai, que tu ne verras plus. O deux, ô terre, ô mer, prés, montagnes, rivages, Fleurs, bois mélodieux, vallons, grottes sauvages, Rappelez-lui souvent, rappelez-lui toujours Néaere, tout son bien, Néaere, ses amours, Cette Néaere, hélas ! qu'il nommait sa Néaere, Qui pour lui criminelle abandonna sa mère ; Qui pour lui, fugitive, errant de lieux en lieux, Aux regards des humains n'osa lever les yeux. O ! soit que l'astre pur des deux frères d'Hélène Calme sous ton vaisseau la vague ionienne ; Soit qu'aux bords de Postum, sous ta soigneuse main, Les roses deux fois l'an couronnent ton jardin, Au coucher du soleil, si ton âme attendrie Tombe en une muette et molle rêverie, Alors, mon Clinias, appelle, appelle-moi. Je viendrai, Clinias, je volerai vers toi. Mon âme vagabonde à travers le feuillage Frémira. Sur les vents ou sur quelque nuage Tu la verras descendre, ou du sein de la mer, S'élevant comme un songe, étinceler dans l'air ; Et ma voix, toujours tendre et doucement plaintive, Caresser en fuyant ton oreille attentive. » |
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André Chénier (1762 - 1794) |
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Portrait de André Chénier | |||||||||
OuvresAndré Marie de Chénier, dit André Chénier, né le 30 octobre 1762 à Constantinople et mort guillotiné le 25 juillet 1794 à Paris, est un poète français. Il était le fils de Louis de Chénier. |
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