André de Richaud |
Cet amour dénoué à travers les champs Ce poignard sanglant dans les rochers Ce vent mortel traîné par de fausses hirondelles Voilà ma pauvre vie. Il faudrait pouvoir traverser le miroir Pour vous atteindre ô vous qui m'aimez Mais il y a du sang jusqu'au plus profond de ma jeunesse. Je suis comme la mer plein de villes flottantes Je suis comme le ciel peuplé de nuages ennuyés Ma vie, au fond des ravins Tremble chaque nuit jusqu'à l'aube Et moi je rampe tout nu dans un songe de mort. Bêtes de mon sommeil, regardez-moi qui tombe Fontaines habitées Fontaines de mes mains où les dix sources grondent O collier des forêts ! Colliers d'arbres en fleurs par qui le monde espère Vous m'étranglez chaque matin Et chaque soir les bleus de vos ongles mystères Etouffent l'avenir dont je suis possédé. Ne pas pouvoir sortir de ce lacis de veines Et cet étrange piétinement à gauche de ma poitrine Contre lequel je ne peux rien... Ô mort regarde fixement cette ligne rouge à mon cou Chaque nuit des cordes tendues m'entraînent au ciel. Seules mes mains me guident parmi les planètes muettes d'étonnement. Aigles de cristal brûlant sur les cimes Torches de plumes qui jalonnent ma vie Sources fumantes dans l'amour qui tombe Lorsque s'est levé le vent de l'au-delà Vous êtes ce masque, qui riez quand je saigne De toutes mes plaies cachées. Quand je ferme les yeux un monde invisible étincelle Quand j'ouvre mon cour une fumée chargée d'oiseaux Se lève à gauche derrière mon cour. O corps aimé qui me cherche sans jamais m'atteindre et dont le regard d'argent m'étouffe lacet de songe et me tirera jusqu'aux abîmes miroitants de la mort. La neige, la neige, la neige Tuez-moi de la neige et que ce soit fini. |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
André de Richaud (1907 - 1968) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de André de Richaud | |||||||||