André Pieyre de Mandiargues |
Parlez plus haut l'hiver nous assourdit Les bruits des pas que l'on entendait hier Au bord du lac gelé Ne sonnent plus que dans le souvenir Et notre vie devient une habitude triste Derrière la paroi des vitres blanches. La neige tombe depuis bien des semaines Le charbon le café diminuent tous les jours Chaque jour s'amoindrit Le lendemain toujours est pire que la veille. Notre mémoire même égare les réponses. La faim le froid chassent les cerfs hors des bois Jusque dans les rues du village L'un s'est couché devant la croix Bouche bée la tête à la renverse Fauve image de notre amour. Avez-vous entendu crier les loups le soir Quand ils viennent rôder autour des étables ? Sous la haute cheminée le feu languit Le chien nous regarde avec tant d'indulgence Avec tant de pitié Que notre cour se serre. Nul ne balayera les marches de l'entrée. L'hiver s'accroît comme un jeune géant La neige tombe le givre s'épaissit Et nous vieillissons à mesure. Parlez bas il n'est plus besoin de nous entendre Bientôt l'homme de pierre ouvrira le chemin. |
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André Pieyre de Mandiargues (1909 - 1991) |
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Portrait de André Pieyre de Mandiargues | |||||||||