André Velter |
(mirage) La soif précède la source comme le désir le désert le désir infini d'un infini désert Il faut vivre à découvert pour entrer dans la fraternité des choses Fils du soleil amant des songes gardien de la source ensablée, ton ombre est faite de la poussière de la nuit Quand la rosée est absente la source monte à la tête (Shiva) Seigneur d'éther à l'écoute de l'espace comme un roi vagabond du haut de son absence, le divin est une onde qui donne mesure au temps Corps d'altitude que l'on touche de la paume pour renouer le souffle au-dessus du vertige, l'éblouissant Kailash ouvre le proche infini Le feu s'évade des glaces, ivresse verticale qui change à vue d'oeil la matière de l'esprit ou la fièvre des choses en insomnie de l'âme Avec aux lèvres la soif originelle de l'eau pure le créateur crie son nom et détruit ce qu'il crée, la nuit dévorante s'en va régénérer le jour La senteur de la terre soudain monte à la tête c'est migraine d'idées et de soleils aussi, la pensée comme un leurre ne piège que des ombres (Gomukh) Glacier de l'oubli ô neiges temporelles je vais en haute terre pour le chant fragile d'une autre lumière pour l'arc de la solitude et le silence en moi d'un frère rapace, double nourri de cendres et qui hurle quand s'éloigne le feu (Bushbasa) Les os ivres de pureté et transis les pèlerins toussent sous leurs châles ce qui tremble en eux est une attache fine le dernier fil du dernier doute il y a dans leurs yeux un désir trop farouche une attente embrasée, au grand jour on dirait qu'ils méditent le règne de l'insomnie (Ganga) La déesse s'est voilée de pluie elle passe de rive en rocher comme une torche dans les embruns comme le songe ultime d'une vie qui n'est pas tout à fait défaite (Gangotri) Le temple s'appuie contre un nuage seule une litanie peut donner en partage un air de réalité Apre est la mélancolie de ce que le temps disperse mais douce est la folie de la déesse (Baghirati) J'avance et avance avec moi ce qui passe, d'un geste je voudrais effacer qui j'étais au geste précédent, et la terre m'est une attente sombre (Rishikesh) Le soir descend sur la grève et la grève devient l'arc-en-ciel de la nuit du jour éteint glisse une ombre, chant obscur qui met un cour de sable dans le cour et le sang De reflet en reflet s'effaçant le monde enfui se perd comme une âme la vague de l'au-delà déferle au-dedans une corneille mantelée disperse les offrandes chacun s'abandonne aux mains vides du temps |
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André Velter (1945 - ?) |
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Portrait de André Velter | |||||||||
BibliographieAndré Velter est un grand poète français. Directeur de la collection Poésie/Gallimard, ses chroniques littéraires dans Le Monde s'attachent surtout à l'Orient. Toute son ouvre poétique est vouée au souffle, à la révolte, à l'amour sauvage, à la jubilation physique et mentale. Résolument attaché à la voix haute , il tente d'inventer une oralité nouvelle, créant régulièrement avec comédiens et musi |
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