André Velter |
C'était peu après la source un tunnel noir sous la route. Les pieds dans l'eau glacée et les mains dans la glaise nous luttions au bord du jour contre le miroitement avant les remous là où le courant était pur. Il y avait le choc des pierres l'écho sous la voûte et nos cris d'apprentis Sisyphe, les mains lissaient l'argile colmataient les brèches s'acharnaient à faire obstacle à couper les angles de fuite à retenir la transparence. Le flot s'embourbait autour des chevilles, ne chantait plus mais pesait de tout son élan brisé ne jouait plus avec le soleil et les feuilles mais amassait une force sombre dessus la cascade asséchée. Il n'y avait pas de question, l'effort primait l'acte était rot on bâtissait l'instant on bâtissait d'instinct, il n'y avait ni durée ni désastre et le cours des choses était une vieille lune de l'autre côté des forêts. Nous savions que le garde viendrait au petit matin avec un madrier déglinguer nos murailles. Nous savions sans savoir que cela était notre secret. Pour le ruisseau et la digue l'adulte et les enfants l'insouciance et la loi la magie moite de ce lieu-dit et la fournaise du chemin, le point d'équilibre s'avérait très exactement point de rupture. Ni en deçà ni au-delà nous étions en un songe physique |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
André Velter (1945 - ?) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de André Velter | |||||||||
BibliographieAndré Velter est un grand poète français. Directeur de la collection Poésie/Gallimard, ses chroniques littéraires dans Le Monde s'attachent surtout à l'Orient. Toute son ouvre poétique est vouée au souffle, à la révolte, à l'amour sauvage, à la jubilation physique et mentale. Résolument attaché à la voix haute , il tente d'inventer une oralité nouvelle, créant régulièrement avec comédiens et musi |
|||||||||