André Velter |
Le crâne d'Eschyle l'oreille de Van Gogh l'oil de Marlowe le bras de Cendrars la quéquette de Boileau le genou de Pétrarque la jambe de Rimbaud, quel poème a pris corps en ce chant démembré où un aigle est venu au soleil de Sicile larguer une tortue, poème pour un couteau qui délire en Arles et dans un bouge de Londres un poignard qui tue, poème à la mitraille de la ferme Navarin pour un jars irascible ou un livre trop lourd ou la gangrène qui gagne? Les soirs de fatigue juste avant de sombrer une eau vient à la bouche qui est comme le viatique des limbes, eau de gouffre eau de rien avec mis au secret des reflets où renaître des échos où reconnaître le vieux tocsin de l'aube. Prométhée s'est attablé près des mangeurs de pomme de terre, Faust a cherché une main dans la nébuleuse d'Orion et un arrêt bouffon a interdit au sang de monter jusqu'aux tempes de Laure et le devin des mortes saisons a laissé sa semelle au clou. Le trait lancé du ciel éclaire un hôtel borgne où suicidé sur le motif repose un légionnaire, l'amoureux a rejoint le marchand d'Abyssinie le chercheur d'or que blanchit un cheveu par minute et l'eunuque s'est donné pour la mesure des songes la vestale du vrai stuc et de l'art poétique. |
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André Velter (1945 - ?) |
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Portrait de André Velter | |||||||||
BibliographieAndré Velter est un grand poète français. Directeur de la collection Poésie/Gallimard, ses chroniques littéraires dans Le Monde s'attachent surtout à l'Orient. Toute son ouvre poétique est vouée au souffle, à la révolte, à l'amour sauvage, à la jubilation physique et mentale. Résolument attaché à la voix haute , il tente d'inventer une oralité nouvelle, créant régulièrement avec comédiens et musi |
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