André Velter |
(Ram Narayan) Le premier accord est une déchirure d'espace D'un geste nous voilà si loin de ce temps Avec l'immensité des déserts ouvrant sur une mer immense Ô mémoire, enfance pleine de mirages L'aridité scintille C'est du crépuscule à l'inconnu un cortège de présences et de souffles Où toute chose prend un écho divin C'est l'heure de l'univers comme harmonie de mystères Un cavalier s'isole dans la poussière de l'horizon Une femme porte l'ombre avec sa jarre sur l'épaule Les derniers cerfs-volants glissent entre les étoiles Le rythme du soir semble un frémissement sans cesse répété Une approche un appel une plainte infinie menée jusqu'à l'offrande extrême Où l'écoute voit Où la "vue entend L'archet de Ram Narayan s'évade Puis renoue le simple secret du cour Il éveille entre la nuit et le noir Un corps de lumière Une mélodie d'éclairs sous un ciel sans nuage L'âme du sarangi restitue le legs d'un oiseau migrateur aux errances si vastes qu'il oubliait la terre (Bismillah Khan) Souffle sans fin souffle d'au-delà des âges Bivouac du vent dans les roselières Souffle porteur des limons du temps Et pourtant chant d'un esprit pur À l'aube de lui-même Une plainte recompose un siècle dispersé Les frissons du sable L'attente de l'eau Une torche dans la nuit Des multitudes effacées peuplent l'écho du shenaï de Bismillah Khan Ce sont les communautés indissociables de la vie Hommes et algues Nuages et silices Chevaux et soleils Une lumière irisée épouse la poussière Le cortège des mendiants passe dans les chaumes et le village au loin demeure ce reflet incertain Refuge de paille pour d'autres sortilèges S'éloignent les abris et les champs S'enfuit l'illusion présente Voici que s'élève ce qui traverse les heures les images les destins et les corps Voici la buée du cri La plaie qui lie les tumultes terrestres aux élans du Ô cette haleine du vide sur le miroir Et le cour emporté Ô Gange d'un seul souffle Qui submerge en esprit la parole des dieux (Satyajit Ray) Sable Non pas sable : grève Roseaux secs sur pieds Et soleil Soleil Soleil jusqu'au meurtre Jusqu'au Gange ou la mer, Le voile d'une moustiquaire Des pieds nus sur le seuil - Les limbes des vivants Attendent des morts le labyrinthe, Sourire sans âge Mariage funéraire La destinée est calme Comme un poignard au repos O regard, l'homme N'a pas été créé avec du limon Et de l'eau Mais avec un soupçon De lumière. |
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André Velter (1945 - ?) |
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Portrait de André Velter | |||||||||
BibliographieAndré Velter est un grand poète français. Directeur de la collection Poésie/Gallimard, ses chroniques littéraires dans Le Monde s'attachent surtout à l'Orient. Toute son ouvre poétique est vouée au souffle, à la révolte, à l'amour sauvage, à la jubilation physique et mentale. Résolument attaché à la voix haute , il tente d'inventer une oralité nouvelle, créant régulièrement avec comédiens et musi |
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