Andrée Chedid |
Avec la mort devant L'homme franchit l'écorce touche à la moelle afflue vers le cour Son oil retrouve grain ses pas rabattent les pièges Sa main ajuste la clef Ni les neiges ni la verdeur Ni l'écart ni les ruses Ne rebutent l'acharné au visage collé d'os Bientôt nous nous coucherons dans ses archives sans frontières Bientôt nous coulerons au fond du lit de tous Sous la cotte fraternelle d'eau de terre et de vent III Peuples plantes bêtes On agonise on sombre on s'éteint en tous lieux! Répandue en parcelles de chair de nerfs de sève de souffles de sang la vie croît Puis s'inverse devant la seule issue Morte vie figée dans l'absence et le givre Germe qui surnage et craque dans chaque vertèbre du froid IV Aucune main ne tient la terre Aucun regard ne la contient Si Dieu est Il ne sait point se dire Sur nos sols battus d'orages bordés de phares heurtés de rêves Aucune grille ne verrouille le temps Avec la Mort devant la terre mâche fleurs et cris l'argile recouvre les remparts « Je » parle sans nouds Avec la Mort devant les brindilles s'écartent les barrières se dissipent l'énigme s'inverse La plaine s'est dilatée VI Morts stagnantes Mort-espace Morts hérissées Mort très lisse Morts qui ruissellent Vers la Mort aux reflets abolis VII Soudés au temps Coulés dans le projet Serrés contre l'armature A la solde du passé A la charge du présent Soutenus par nos mains Secourus par nos signes Nous heurterons de front La mort Dans l'opiniâtre genèse où s'ouvre notre liberté Nous garderons oil de pèlerin et charge d'étoiles VIII Mort Ton image propice Dissipe les décors Les printemps s'affûtent L'aube s'aiguise La vie boit l'existence Je m'étends sur ma face J'enfante le large IX Si la Mort était morte D'où s'élèveraient les métamorphoses? Renaître perdrait son filon Avec la Mort devant Ce qui a son Résonne x Nous qui avons encore à vivre ferons entorse à l'infini Nous romprons les plaines d'éternité Nous piocherons les champs engourdis Nous qui avons encore à vivre coulerons sueur dans les mots presserons nos appels dans les terriers enfoncerons fleur et sel dans l'épaisseur des mondes Avant que notre sang ne se minéralisé Nous qui avons encore à vivre parlerons de ronces et d'âme de ciment et d'argile de naufrage et d'épis XI Le feu prend le feu lâche Selon l'espace selon l'écoute selon l'amour XII Avec ce cour qui plombe ta chair Avec ce regard qui voyage Avec ce corps qui te resserre Avec ces années qui te rythment Dans la forêt de tes gestes Dans l'aventure de ta parole Portant l'atlas de tes souvenirs : Tu retourneras à tes os Blanchi de tes viscères Purgé de ton sang Filtré au crible de la mort Tu te nicheras dans tes os Jusqu'à l'ultime échange. |
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Andrée Chedid (1920 - 2011) |
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Portrait de Andrée Chedid | |||||||||
BiographieAndrée Chédid est née en 1920 au Caire de parents libanais séparés. Elle est mise en pension à l'âge de 10 ans. Elle apprend alors l'anglais aini que le français. Elle exprime sa tendresse en mots arabes. A 14 ans Andrée Chédid part en Europe. Elle revient ensuite au Caire pour aller dans une université américaine. Son rêve était d'être danseuse mais elle se maria à 22 ans avec un médecin. Elle au OuvresPoésie |
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