Angèle Vannier |
Je suis née de la mer et ne le savais plus Trop de pavots avaient maculé mes pieds nus Les soirs où les bergers m'appelaient dans la ronde Pour passer le furet de ma main dans leurs mains Furet des bois jolis furet des vieux jardins. Je suis née de la mer et ne le savais plus Trop de chênes avaient appris à mon corps nu Cette haute caresse où l'écorce connaît La façon d'arracher aux jeunes filles blondes ' Des gouttes de bonheur de quelque sainte plaie. Je suis née de la mer et ne le savais plus Trop de bêtes avaient partagé mon cour nû Dans les hautes futaies habitées par la lune Trop de sangliers forts à renifler l'oronge Trop de biches mes sours effrayées par leurs songes Trop de martins-pêcheurs gonflés d'humides chants Délivrés par leurs becs en baisers trop savants. Je suis née de la mer et ne le savais plus Mais l'homme au bras marin me parla de l'écume Et l'humus des forêts fut le sable des dunes Et les bergers laissant leurs troupeaux de moutons Au premier loup venu gardèrent des poissons Le nez du sanglier fouilla le goémon La biche apprivoisa chaque lame de fond Et les désirs des fûts chantèrent un navire Que les oiseaux pêcheurs voilèrent sans rien dire De leurs ailes tendues à des ciels inconnus. Je suis née de la mer et ne l'ai reconnu Qu'au bras de mon amour et ne l'oublierai plus. |
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Angèle Vannier (1917 - 1980) |
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Portrait de Angèle Vannier | |||||||||