Anna de Noailles |
Le visage de ceux qu'on n'aime pas encor Apparaît quelquefois aux fenêtres des rêves Et va s'illuminant sur de pâles décors Dans un argentement de lune qui se lève. Il flotte du divin aux grâces de leur corps Leur regard est intense et leur bouche attentive ; Il semble qu'ils aient vu les jardins de la mort Et que plus rien en eux de réel ne survive. La furtive douceur de leur avènement Enjôle nos désirs à leurs vouloirs propices, Nous pressentons en eux d'impérieux amants Venus pour nous afin que le sort s'accomplisse ; Ils ont des gestes lents, doux et silencieux, Notre vie uniment vers leur attente afflue : Il semble que les corps s'unissent par les yeux Et que les âmes sont des pages qu'on a lues. Le mystère s'exalte aux sourdines des voix, A l'énigme des yeux, au trouble du sourire, A la grande pitié qui nous vient quelquefois De leur regard, qui s'imprécise et se retire... Ce sont des frôlements dont on ne peut guérir, Où l'on se sent le cour trop las pour se défendre, Où l'âme est triste ainsi qu'au moment de mourir ; Ce sont des unions lamentables et tendres... Et ceux-là resteront, quand le rêve aura fui, Mystérieusement les élus du mensonge, Ceux à qui nous aurons, dans le secret des nuits, Offert nos lèvres d'ombre, ouvert nos bras de songe. |
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Anna de Noailles (1876 - 1933) |
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Portrait de Anna de Noailles | |||||||||
BiographieAnna-Elisabeth Bassaraba de Brancovan naît â Paris le 15 novembre 1876. Elle est fille du prince Gregoire Bassaraba de Brancovan et de Ralouka Musurus, issue d'une familie grecque illustre. Elle passe une enfance heureuse, notamment â Amphion, la propriete familiale dont le parc borde le lac Leman, et oii elle decouvre l'ivresse de la narure. Anna a un frere, Constantin, et une sceur, Helen |
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