Anna de Noailles |
Pauvre faune qui va mourir Reflete-moi dans tes prunelles Et fais danser mon souvenir Entre les ombres eternelles. Va, et dis â ces morts pensifs A qui mes jeux auraient su plaire Que je reve d'eux sous Ies ifs Ou je passe petite et claire. Tu leur diras l'air de mon front Et ses bandelettes de laine, Ma bouche etroite et mes doigts ronds Qui sentent l'herbe et le troene, Tu diras mes gestes legers Qui se deplacent comme l'ombre Que balancent dans Ies vergers Les feuilles vives et sans nombre, Tu leur diras que j'ai souvent Les paupieres lasses et lentes, Qu'au soir je danse et que le vent Derange ma robe traînante, Tu leur diras que je m'endors Mes bras nus plies sous ma tete, Que ma chair est comme de l'or Autour des veines violettes ; - Dis-leur comme ils sont doux â voir Mes cheveux bleus comme des prunes, Mes pieds pareils â des miroirs Et mes deux yeux couleur de lune, Et dis-leur que dans les soirs lourds, Couchee au bord frais des fontaines J'eus le deşir de leurs amours Et j'ai presse leurs ombres vaines... |
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Anna de Noailles (1876 - 1933) |
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Portrait de Anna de Noailles | |||||||||
BiographieAnna-Elisabeth Bassaraba de Brancovan naît â Paris le 15 novembre 1876. Elle est fille du prince Gregoire Bassaraba de Brancovan et de Ralouka Musurus, issue d'une familie grecque illustre. Elle passe une enfance heureuse, notamment â Amphion, la propriete familiale dont le parc borde le lac Leman, et oii elle decouvre l'ivresse de la narure. Anna a un frere, Constantin, et une sceur, Helen |
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