Anna de Noailles |
Malgré mes bras tendus, malgré mon cour tenace, Vous entrez avant moi, compagnons de mes jours, Dans l'attirante terre, exclusive et vorace, Qui resserre sur vous ses humides contours. Voilà donc l'avenir, c'est donc cela qui dure : La tombe, le caveau, le cloître souterrain ! Et nous, vantant toujours la trompeuse Nature, Avec les yeux ravis du pâtre et du marin Nous bénissions le jour luisant, le soir serein ; - Vous seule êtes fidèle, ô secrète ossature ! Autrefois, je voyais se dérouler le temps Comme une route blanche entourant la montagne, Et que gravit, dans l'ombre où l'aigle l'accompagne, Une foule au cour gai, aux espoirs exultants ; Mais cette sinueuse et noble perspective, Ce haut pèlerinage au but ambitieux Etaient un enfantin mirage de mes yeux. L'humanité chantante, héroïque et pensive Retombe dans la terre ayant rêvé des deux ! - Hélas, mes disparus, mes archanges sans ailes, Vous marchez devant moi pour m'éviter la peur ; Et par vous je sens croître et brûler dans mon cour, Au milieu d'une calme et stupéfaite horreur, Le sombre amour qu'on doit à la mort éternelle ! Déjà combien de mains ont délaissé mes mains... - Du moins, battez plus fort, cour empli de courage ! Entraînez avec vous vos morts sur les chemins. Que leurs regards nombreux brûlent dans mon visage, Que mon âme abondante abreuve les humains, Et que je meure enfin comme on vit davantage !... |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Anna de Noailles (1876 - 1933) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Anna de Noailles | |||||||||
BiographieAnna-Elisabeth Bassaraba de Brancovan naît â Paris le 15 novembre 1876. Elle est fille du prince Gregoire Bassaraba de Brancovan et de Ralouka Musurus, issue d'une familie grecque illustre. Elle passe une enfance heureuse, notamment â Amphion, la propriete familiale dont le parc borde le lac Leman, et oii elle decouvre l'ivresse de la narure. Anna a un frere, Constantin, et une sceur, Helen |
|||||||||