Anne Perrier |
Adieu Vents de passage Voilez mon visage Et mon repos du long drap bleu De l'été Liberté Pourquoi marcher toujours Entre les murs d'une saison La rose penchée hors du temps Sent si bon Adieu ! Si le merle en passant Frappe à ma porte Dites que je suis morte D'avoir fait éclater dans mon chant La grenade du jour Je regarde encore une fois La haute rose Pendant que s'éloigne de moi Le bruit des choses Qu'ils sont beaux les derniers appels De la vie Adieu Je meurs d'une chute infinie Dans l'eau du ciel Ce dernier chant O mes oiseaux mes fontaines M'arrachera les veines Et le sang Peut-être ailleurs Recommencer Trois oliviers Couronnés d'air Et d'étourneaux Le long balancement des mers L'heure Pour des levers royaux Parée Les fleurs Même perdues sous la neige Et brisées Sans les feux les parfums Qui affolent l'abeille Les fleurs sont lumière Mornes flûtes Quand reviendront sur terre les rossignols Et le vent doré des lucioles Les feuilles de mon arbre Seront tombées Dans les ombres de mon jardin J'ai semé la beauté Quelqu'un tout à côté S'en vint Semer la mort Et moi sans fin J'entends sous terre chuchoter Qui de nous sortira d'abord Poésie ombre absoute Du beau mensonge aussi Qui fut mon compagnon de route J'ai pris congé Que la dernière abeille plie ses ailes Les mots ne refleuriront plus ici Et pourtant la prairie fut si belle Sans bruit On a séché le puits Aux voyelles Le merle est pris Ce n'est pas lui Qui clamera sur les murailles Le retour des primevères Au cour du jour il se débat Personne pour couper les mailles De son enfer Et si les primevères aussi Ne revenaient pas O l'ineffable errance Je passerai sous les merles tranquilles Je cueillerai les fleurs Absolues du silence Je lirai l'heure A l'horloge immobile De la perpétuelle enfance Mourir en douce Sans avoir dit un mot De trop Sans que l'âme éclabousse La rue Quitter la vie Comme un fleuve ingénu Remonterait sans bruit Vers sa source Qu'un saule blanc soit mon linceul Un saule la trame dorée Des phalènes d'été Sur ma plainte qui s'en va seule A la rencontre des oiseaux Immémoriaux Cette lumière au bout du champ Serait-ce l'ombre ardente D'une main qui se tend Ah! que m'aspire me déchire L'océan-- Qui peut me retenir Quelle voix dans le vent Pourrait couvrir l'appel du goéland Pour mon trépas O deuil le temps a retiré Sa couronne d'oiseaux Où je serai Ne seront avec moi que les voix Monacales des eaux Sous les cendres de mon jardin Mettons en terre le mal le bien Désormais frères qu'ils reposent Coeur diamantin Le reste secret des roses Maintenant qu'on me laisse partir Menthe glacée Mangue dorée Qu'on me laisse tomber Dans la profonde éternité De saphir Comme les voyageurs s'en vont Pour ne plus revenir Comme les papillons Regagnent pour mourir Les grands vergers mûrs des étoiles Je pars vers le flamboyant rien Vos chants ne m'auront pas trompée Oiseaux vous seuls Merci de m'avoir entraînée Trop loin Le jour se tait dans les roselières Le temps clapote j'erre Autour de mon bel adieu Un oiseau pâle aux cieux Hâte son vol Sur les eaux noires les lucioles Mettent la mort à feu |
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Anne Perrier (1922 - ?) |
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