Antoine Girard de Saint-Amant |
Si jamais j'entre dans Ëvreux, Puissé-je devenir fiévreux! Puissé-je devenir grenouille ! Puissé-je devenir quenouille! Que le vin me soit interdit, Que nul ne me fasse crédit, Que la teigne avec la pelade Se jette dessus ma salade, Que je serve de Jacquemart, Qu'on me coupe le braquemart; Bref, que cent clous gros d'apostume, Noirs et gluants comme bitume, M'environnent le fondement, Si j'y songe tant seulement. Qu'à jamais la guerre civile Trouble cette maudite ville; Que Phébus, qui fait tant le beau, N'y porte jamais le flambeau : Qu'il y pleuve des hallebardes, Que tout ce que jadis nos bardes Ont prophétisé de malheurs, D'ennuis *, d'outrages, de douleurs, De poison, de meurtre, d'inceste, De feu, de famine et de peste, S'y puisse bientôt accomplir, Et tout son domaine en remplir. Voilà ce qu'une ire équitable Fit prononcer, étant à table, De haine ardemment excité Contre cette infâme cité, Au plus bénin de tous les hommes Qui boivent au temps où nous sommes. Ô bon ivrogne ! ô cher Faret ! Qu'avec raison tu la méprises On y voit plus de trente églises, Et pas un pauvre cabaret. |
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Antoine Girard de Saint-Amant (1594 - 1661) |
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Portrait de Antoine Girard de Saint-Amant | |||||||||
Biographie-1594 → Naissance: Grand-Quevilly le 30 septembre |
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