Auguste Barbier |
À quoi servent, grand dieu! Les leçons de l' histoire Pour l' avenir des citoyens, Et tous les faits notés dans une page noire Par la main des historiens, Si les mêmes excès et les mêmes misères Reparaissent dans tous les temps, Et si de tous les temps les exemples des pères Sont imités par leurs enfants? Ô pauvres insensés! Qui, le front ceint de chêne Devant l' univers enchanté, Voilà six ans bientôt, entonnions d' une haleine L' hymne brûlant de liberté! Nous chantions tous en choeur, dans une sainte ivresse, La vierge pure comme l' or, Sans penser que plus tard l' immortelle déesse Devait tant nous coûter encor. Nous rêvions un ciel doux, un ciel exempt d' orages, Un éternel et vaste azur, Tandis que sur nos fronts s' amassaient les nuages: L' avenir devenait obscur. Et nous avons revu ce qu' avaient vu nos pères, Le sang humain dans les ruisseaux, Et l' angoisse des nuits glaçant le coeur des mères, Quand le plomb battait les carreaux; Le régicide infect aux vengeances infâmes Et ses stupides attentats, La baïonnette ardente entrant au sein des femmes, Les enfants percés dans leurs bras: Enfin les vieux forfaits d' une époque cruelle Se sont tous relevés, hélas! Pour nous faire douter qu' en sa marche éternelle Le monde ait avancé d' un pas. |
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Auguste Barbier (1805 - 1882) |
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Portrait de Auguste Barbier | |||||||||