Bernard Chevalier de Bonnard |
Tes voyages et tes bons mots, Tes jolis vers et tes chevaux Sont cités par toute la France : On sait par cour ces riens charmants Que tu produis avec aisance ; Tes pastels frais et ressemblants Peuvent se passer d'indulgence ; Les beaux esprits de notre temps. Quoique s'aimant avec outrance, Troqueraient volontiers, je pense. Et leurs drames et leurs romans, Pour ton heureuse négligence Et la moitié de tes talents. Mais, pardonne-moi ma franchise, Ni tes tableaux ni tes écrits N'équivalent, à mon avis, Au tout que tu fis à l'Église. Nos guerriers, la ville et la cour, Admirant ta métamorphose, Battirent des mains tour à tour; La Gloire en sourit, et l'Amour Crut seul y perdre quelque chose. On a tant célébré Gramont, Son esprit, sa gaîté, ses grâces ! Il revit en toi ; tu remplaces Le héros de Saine-Evremond,. Les ris le suivirent sans cesse, Et sur son arrière-saison Semèrent des fleurs à foison, Comme aujourd'hui sur ta jeunesse En vain le Temps, de son poison, Voudrait amortir ta saillie : Tu donnerais à la raison Tous les grelots de la folie. Jouis bien d'un destin si beau ; Sûr de plaire et toujours nouveau. Brille dans nos camps, à Cythère ; Chante les plaisirs et Voltaire ; Lis Végèce, Ovide et Folard, Et vois les lauriers du Parnasse, Unis aux palmes de la Thrace, Couvrir ton bonnet de housard. Garde ton goût pour les voyages : Tous les pays en sont jaloux, Et le plus aimable des fous Sera partout chéri des sages. Sois plus amoureux que jamais ; Peins en courant toutes les belles. Et sois payé de tes portraits Entre les bras de tes modèles. |
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Bernard Chevalier de Bonnard (1744 - 1784) |
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Portrait de Bernard Chevalier de Bonnard | |||||||||