Bernard Hreglich |
En sentinelle avec tes griefs, tes chevaux endormis, Ton corps maigre sous la tenue réglementaire, La plaine à tes yeux devient indicible ; Un monstrueux terrain de chasse obscur, inopportun ; Pauvre exilé ayant perdu ses légendes et l'espoir de fuir Ce paysage de lacs et de pièges ; Tu n'es plus Qu'un pantin revêtu des couleurs militaires, avec le casque Et le fusil, qui demeure selon l'humeur du temps Aussi droit que possible, cherchant dans l'obscurité Celui qui viendra te trancher la gorge, jeune homme Comme toi mais plus vif et couvert de boue. Avant la mort tu songes aux femmes qui pleureront, Qui oublieront après cinq semaines sacrificielles Le nom de ton père qui mourut sous la neige Monténégrine, et le tien ; tu porteras Un grand nombre de coups pour défendre Vukovar Avant de rejoindre cet exil où abondent les merveilles. Mais nulle jeune fille pour répondre au chant de la fauvette. |
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Bernard Hreglich (1943 - 1996) |
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Portrait de Bernard Hreglich | |||||||||