Birago Diop |
Dans un des trois canaris des trois canaris où reviennent certains soirs les âmes satisfaites et sereines, les souffles des ancêtres, des ancêtres qui furent des hommes des aïeux qui furent des sages. Mère a trempé trois doigts, trois doigts de sa main gauche : le pouce, l'index et le majeur; Moi j'ai trempé trois doigts : trois doigts de la main droite : le pouce, l'index et le majeur. Avec ses trois doigts rouges de sang, de sang de chien, de sang de taureau, de sang de bouc. Mère m'a touché par trois fois. Elle a touché mon front avec son pouce, Avec l'index mon sein gauche Et mon nombril avec son majeur. Moi j'ai tendu mes doigts rouges de sang, de sang de chien, de sang de taureau, de sang de bouc. J'ai tendu mes trois doigts aux vents aux vents du Nord, aux vents du Levant aux vents du Sud, aux vents du couchant; Et j'ai levé mes trois doigts vers la Lune, vers la Lune pleine, la Lune pleine et nue Quand elle fut au fond du plus grand canari. Après j'ai enfoncé mes trois doigts dans le sable dans le sable qui s'était refroidi. Alors Mère a dit : « Va par le Monde, Va ! Dans la vie ils seront sur tes pas. » Depuis je vais je vais par les sentiers par les sentiers et sur les routes, par-delà la mer et plus loin, plus loin encore, par-delà la mer et par-delà l'au-delà ; Et lorsque j'approche les méchants, les Hommes au cour noir, lorsque j'approche les envieux, les hommes au cour noir Devant moi s'avancent les Souffles des Aïeux. |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Birago Diop (1906 - 1989) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Birago Diop | |||||||||