Charles d'Orléans |
France, jadis on te soûlait nommer, En tous pays, le trésor de noblesse, Car un chacun pouvait en toi trouver Bonté, honneur, loyauté, gentillesse, Clergie", sens, courtoisie, prouesse. Tous étrangers aimaient te suir'". Et maintenant vois, dont j'ai déplaisance, Qu'il te convient maint grief mal soustenir*, Très chrétien, franc royaume de France. Sais-tu d'où vient ton mal, à vrai parler? Connais-tu point pourquoi es en tristesse? Conter le veux, pour vers toi m'acquitter, Ecoute-moi et tu feras sagesse. Ton grand orgueil, glotonnie, paresse, Convoitise, sans justice tenir, Et-luxure, dont as eu abondance, Ont pourchacié vers Dieu de te punir, Très chrétien, franc royaume de France. Ne te veuille pourtant désespérer, Car Dieu est plein de merci, à largesse. Va-t'en vers lui sa grâce demander, Car il t'a fait, déjà piéça, promesse (Mais que fasses ton avocat Humblesse) Que très joyeux sera de te guérir; Entièrement mets en lui ta fiance, Pour toi et tous, voulut en croix mourir, Très chrétien, franc royaume de France... Et je, Charles, duc d'Orléans, rimer Voulus ces vers au temps de ma jeunesse; Devant chacun les veux bien avouer, Car prisonnier les fis, je le confesse; Priant à Dieu, qu'avant qu'aie vieillesse, Le temps de paix partout puisse avenir, Comme de cour j'en ai la désirance, Et que voie tous tes maux brief finir, Très chrétien, franc royaume de France! |
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Charles d'Orléans (1391 - 1465) |
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Portrait de Charles d'Orléans | |||||||||