Charles Labitte |
Naissance: Château-Thierry le 2 décembre 1816 Décès: Paris le 19 septembre 1845 Charles Labitte est un historien et critique français. Charles Labitte débuta dès 1835 dans La Revue des Deux Mondes. Chargé d'un cours d'histoire aux collèges Charlemagne et Henri-IV, il fut nommé en 1840 professeur de littérature étrangère à la faculté de Rennes et choisi en 1842 pour suppléer Pierre-François Tissot dans sa chaire de littérature au Collège de France. Il mourut prématurément à 29 ans. Charles Labitte était né le 2 décembre 1816 à Château-Thierry. Son père, qui y remplissait les fonctions de procureur du roi, passa peu après en cette même qualité au tribunal d'Abbeville, où il s'est vu depuis fixé comme juge. Le jeune enfant fut ainsi ramené dès son bas âge dans le Ponthieu, patrie de sa mère, et c'est là qu'il fut élevé sous l'aile des plus tendres parents et dans une éducation à demi domestique. Il suivait ses classes au collége d'Abbeville; il passait une partie des étés à la campagne de Blangermont près Saint-Pol, et, durant cette adolescence si peu assujettie, il apprenait beaucoup, il apprenait surtout de lui-même. Je ne puis m'empêcher de remarquer que cette libre éducation, si peu semblable à la discipline de plus en plus stricte d'aujourd'hui, sous laquelle on surcharge uniformément de jeunes intelligences, est peut-être celle qui a fourni de tout temps aux lettres le plus d'hommes distingués: l'esprit, à qui la bride est laissée un peu flottante, a le temps de relever la tête et de s'échapper çà et là à ses vocations naturelles. L'érudition de Charles Labitte y gagna un air d'agrément et presque de gaieté qui manque trop souvent à d'autres jeunes éruditions très-estimables, mais de bonne heure contraintes et comme attristées. Au reste, s'il lisait déjà beaucoup et toutes sortes de livres, il ne se croyait pas encore voué à un rôle de critique; il eut là de premiers printemps qui sentaient plutôt la poésie, et j'ai sous les yeux une suite de lettres écrites par lui dans l'intimité durant les années 1832-1836, c'est-à-dire depuis l'âge de seize ans jusqu'à celui de vingt, dans lesquelles les rêveries aimables et les vers tiennent la plus grande place. Ces lettres sont adressées à l'un de ses plus tendres amis, M. Jules Macqueron, qui faisait lui-même d'agréables vers; Labitte lui rend confidences pour confidences, et il y met d'utiles conseils littéraires: l'instinct du futur critique se retrouverait par ce coin-là. Nous ne citerons rien des vers mêmes: ils sont faciles et sensibles, de l'école de Lamartine; mais c'est plutôt l'ensemble de cette fraîche floraison qui m'a frappé, comme d'une de ces prairies émaillées au printemps où aucune fleur en particulier ne se détache au regard, et où toutes font un riant accord. Il est le frère du député et sénateur Henri Labitte. Le premier article de quelque étendue par lequel il débuta véritablement dans les lettres est celui de Gabriel Naudé, qui parut dans la Revue des Deux Mondes le 15 août 1836. Il ne faisait là dès l'abord que se placer sous l'invocation de son véritable patron. Gabriel Naudé est bien le patron, en effet, de ceux qui avant tout lisent et dévorent, qui parlent de tout ce qu'ils ont lu, et chez qui l'idée ne se présente que de biais en quelque sorte, ne se faufile qu'à la faveur et sous le couvert des citations. L'article que Charles Labitte lui consacrait, et qui n'offrait encore ni l'ordre ni même toute l'exactitude auxquels il atteindra plus tard, ressaisissait du moins et rendait vivement la physionomie du modèle; le vieil esprit gaulois y débordait en jeune sève. On sentait que ce débutant d'hier s'était abouché de longue main avec ces hommes d'autrefois dont il parlait: il avait reçu d'eux le souffle, il avait la tradition. Ouvres Essai sur l'affranchissement dans le comté de Ponthieu, avec Charles Louandre, 1836 De la Démocratie chez les prédicateurs de la Ligue, 1841 La Divine Comédie avant Dante, 1862 Études littéraires, 1846 |
Charles Labitte (1816 - 1845) |
Portrait de Charles Labitte |