Christine de Pisan |
C'est fort chose qu'une nef se conduise, Es fortunes de mer, a tout par elle, Sanz maronnier ou patron qui la duise, Et le voile soit au vent qui ventelle; Se sauvement a bon port tourne celle, En verité c'est chose aventureuse; Car trop griefment est la mer perilleuse. Et non obstant que parfois soleil luise, Et que si droit s'en voit que ne chancelle, Si qu'il semble que nul vent ne lui nuise, Ne nul decours, ne la lune nouvelle, Si est elle pourtant en grant barelle De soubdain vent ou d'encontre encombreuse; Car trop griefment est la mer perilleuse. Si est pitié, quant fault que mort destruise Nul bon patron, ou meneur de nacelle; Et est bien droit que le cuer dueille et cuise. Qui a tresor, marchandise ou vaisselle, Ou seul vaissel qui par la mer brandelle: N'est pas asseur, mais en voie doubteuse; Car trop griefment est la mer perilleuse. |
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Christine de Pisan (1364 - 1431) |
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Portrait de Christine de Pisan | |||||||||