Christine de Pisan |
Ovide dit qu'il est un messagier, Qui en dormant les nouvelles aporte, Les gens endort, et puis les fait songier De joye ou dueil, songes de mainte sorte. Morpheüs cil messager on appelle; Au dieu qui dort est filz, ce dit la fable, Qui en pluseurs formes se renouvelle, Cil nonce aux gens mainte chose notable, Et cellui dieu de someil alegier, Soye mercy, veult le mal que je porte. Car nouvelles m'envoye sanz dongier De mon ami, autre ne me conforte. Mais quant chose me dit qui ne m'est belle, Mon cuer tremble plus que feuille d'arable; Car en nul cas de riens le voir ne celle, Cil nonce aux gens mainte chose notable. Et ma doulour fait moult assouagier Le dieu qui dort, certes je fusse morte Se il ne fust; mais plorer de legier Me fait souvent, car trop me desconforte Quant il me dit qu'une autre damoiselle Tient mon ami, et qu'il soit veritable J'ay grant paour; car, de toute querelle, Cil nonce aux gens mainte chose notable. |
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Christine de Pisan (1364 - 1431) |
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Portrait de Christine de Pisan | |||||||||