Christine de Pisan |
Se de douloureux sentement Sont tous mes dis, n'est pas merveille; Car ne peut avoir pensement Joyeux, cuer qui en dueil traveille. Car, se je dors ou se je veille, Si suis je en tristour a toute heure, Si est fort que joye recueille Cuer qui en tel tristour demeure. N'oublier ne puis nullement La trés grant douleur non pareille Qui mon cuer livre a tel tourment, Que souvent me met a l'oreille Grief desespoir, qui me conseille Que tost je m'occie et accueure; Si est fort que joye recueille Cuer qui en tel tristour demeure. Si ne pourroye doulcement Faire dis; car, vueille ou ne vueille, M'estuet complaindre trop griefment Le mal, dont fault que je me dueille; Dont souvent tremble comme fueille, Par la douleur qui me cueurt seure. Si est fort que joye recueille Cuer qui en tel tristour demeure. |
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Christine de Pisan (1364 - 1431) |
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Portrait de Christine de Pisan | |||||||||