Christine de Pisan |
Se vraye amour est en un cuer fichée Sanz varier et sanz nulle faintise, Certes c'est fort que de legier dechée; Ainçois adès de plus en plus l'atise Ardent desir et l'amour qui s'est mise Dedens le cuer, qui si le fait lier Qu'il n'en pourroit partir en nulle guise, Et qui pourroit telle amour oublier? Pour moy le sçay, qui suis toute sechée Par trop amer; car, sans recreandise, Ay si m'amour fermement atachée A cil amer, ou je l'ay toute assise, Qu'en ce monde nul autre avoir ne prise, Ne je ne fais fors melencolier. Quant loings en suis, riens n'est qui me souffise, Et qui pourroit telle amour oublier? Si ne pourroit jamais estre arrachée Si faitte amour, car, pour droit que g'i vise, Je n'ay pouoir qu'en moy de riens dechée, Et si suis je d'autres assez requise; Mais riens n'y vault: un seul m'a tout acquise; Tant pourchaça, par soy humilier, Que je me mis du tout a sa franchise, Et qui pourroit telle amour oublier? |
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Christine de Pisan (1364 - 1431) |
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Portrait de Christine de Pisan | |||||||||