Christine de Pisan |
Mon chevalier, mon gracieux servant, Je sçay de vray que de bon cuer m'amez, Et de long temps je vois apercevant L'amoureux mal dont tant vous vous blamez. Or ne faites plus mate chiere, Ne vous doulez plus ne jour ne demi, Car je vous vueil amer d'amour entiere, Et vous retien pour mon loial ami. Et la douleur qui tant vous va grevant Pour moye amour, dont pour mort vous clamez, Je gariray et vous verray souvent. Ja ne sera mon corps si enfermez Que je ne treuve bien maniere De vous veoir; or soiez tout a mi, Car estre vueil aussi vo dame chiere, Et vous retien pour mon loial ami. Si gardez bien, ne m'alez decevant, Car les loyaulz amans sont clersemez; Ce croy je bien, mais n'alez ensuivant Les faulz mauvais qui tant sont diffamez. Pour ce, se je ne vous suis fiere, Et ay pitié dont tant avez gemi; Par quoy ottroy m'amour a vo priere, Et vous retien pour mon loial ami. |
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Christine de Pisan (1364 - 1431) |
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Portrait de Christine de Pisan | |||||||||