Christine de Pisan |
Aucunes gens me prient que je face Aucuns beaulz diz, et que je leur envoye, Et de dittier dient que j'ay la grace; Mais, sauve soit leur paix, je ne sçaroye Faire beaulz diz ne bons; mès toutevoye, Puis que prié m'en ont de leur bonté, Peine y mettray, combien qu'ignorant soie, Pour acomplir leur bonne voulenté. Mais je n'ay pas sentement ne espace De faire diz de soulas ne de joye: Car ma douleur, qui toutes autres passe, Mon sentement joyeux du tout desvoye; Mais du grant dueil qui me tient morne et coye Puis bien parler assez et a plenté; Si en diray: voulentiers plus feroye Pour acomplir leur bonne voulenté. Et qui vouldra savoir pour quoy efface Dueil tout mon bien, de legier le diroye: Ce fist la mort qui fery sanz menace Cellui de qui trestout mon bien avoye; Laquelle mort m'a mis et met en voye De desespoir; ne puis je n'oz santé; De ce feray mes dis, puis qu'on m'en proie, Pour accomplir leur bonne voulenté. Princes, prenez en gré se je failloie; Car le ditter je n'ay mie henté, Mais maint m'en ont prié, et je l'ottroye, Pour accomplir leur bonne voulenté. |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Christine de Pisan (1364 - 1431) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Christine de Pisan | |||||||||