Christine de Pisan |
Sage seroit qui se saroit garder Des faulx amans qui adès ont usage De dire assez pour les femmes frauder; Trop se plaignent de l'amoureuse rage Qui plus les tient que l'oisellet la cage, Et vont faignant qu'ilz en ont couleur fade; Mais quant a moy tiens de certain corage, Qui plus se plaint n'est pas le plus malade. Qui les orroit jurer et bien bourder, Faire semblant d'estre plus serf qu'un page, Aler, venir, muser et regarder, Et en parlant recouper leur langage Pour decepvoir, a pou n'est il si sage Eulx guermenter a la plaisant et sade! Mais on peut bien jugier a leur visaige, Qui plus se plaint n'est pas le plus malade. De telz amans Dieux les vueille amender. Il en est moult, je croy, dont c'est dommage, Qui partout vont aux dames demander Grace et mercy, ou envoyent message, Qui ne le font fors pour querre avantage En certains lieux; pour ce dit ma balade, Qu'en ce cas cy, tant soit de hault parage, Qui plus se plaint n'est pas le plus malade. |
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Christine de Pisan (1364 - 1431) |
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Portrait de Christine de Pisan | |||||||||