Claude Joseph Dorat |
Consommé dans l'art des Tibères, D'un État malheureux le lâche usurpateut, Sur les enfants et sur les pères. Exerçait cet art destructeur. Chaque parole est coupable ou suspecte. Le silence est prescrit par la voix des bourreaux, Qu'en frémissant tout un peuple respecte. Les pâles citoyens se taisent sur leurs maux ; Mais par des signes énergiques, Des cours interprètes muets. Ils exptiment leurs voux secrets. Et les calamités publiques. Ces signes éloquents sont bientôt interdits. Alors un citoyen, appesanti par l'âge, Arrive dans la place où des rois du pays Le bronze éternise l'image, Et la retrace aux regards attendris. Là, tombant à genoux au pied de la statue Du plus aimé de tous ces rois. Il l'arrose de pleurs, au défaut de la voix : Sublime expression... qui ne fut pas perdue! Le peuple interprète bientôt Cette auguste douleur, ces profondes alarmes : Tous les yeux sont trempés de larmes ; Mille soupirs unis ne font plus qu'un sanglot '. On instruit le tyran, et lui-même il s'avance. II veut, pour comble de tourments. Priver ces malheureux de leurs gémissements !... Le désespoir leur rend l'indépendance : Le peuple sent sa force et court à sa défense ; Tous les bras sont armés, le sang coule à grands flots ; La garde est égorgée, et le monstre en lambeaux. De l'espèce humaine avilie, Imbéciles persécuteurs, Prenez les biens, ôtez la vie, Mais ne défendez point les pleurs. |
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Claude Joseph Dorat (1734 - 1780) |
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Portrait de Claude Joseph Dorat | |||||||||