Claude Joseph Dorat |
Dans un parc dessiné d'après les meilleurs plans. Un jet d'eau dans les airs s'élevait sous l'ombrage. Et retombait à travers le feuillage En perles, en rubis, en globules roulants. Notre jet d'eau s'oublie, ainsi que c'est l'usage (On a vu, de tous temps, les sots se prévaloir) ; Il insulte dans son langage L'onde obscure du réservoir, Qui subvenait à tout son étalage. Vois, lui dit-il, ce pompeux appareil, Si jusqu'à moi peut arriver ta vue ; Vois ces gerbes d'argent dont s'enrichit la nue, Et que j'oppose aux tayons du soleil. À quoi sets-tu, misérable eau dormante? Quand je m'élève aux cieux, à mes pieds tu croupis ; Ton voisinage me toutmente. Et gâte bien souvent les lieux que j'embellis. Comme il parlait, un des canaux se brise : Au fond du réservoir, il s'entrouvre un chemin. Et soudain L'onde sourdit, décroît, coule et s'épuise ; Vous eussiez vu les rubis s'exhalet, Toutes les gerbes disparaître Et les perles dégringoler. Notre orgueilleux commence à se connaître : Il baisse, il tombe, il ne peut plus aller. Il est à sec. Vous devinez peut-être De ma fable quel est le sens : Appauvrissez le peuple, adieu l'éclat des grands. |
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Claude Joseph Dorat (1734 - 1780) |
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Portrait de Claude Joseph Dorat | |||||||||