Claude Malleville |
Phyllis a reconnu ma foi. Tristes pensers, troupe infidèle, Allez où l'ennui vous appelle, Puisque je suis bien avec elle, Vous êtes mal avecque moi. Ce n'est plus cette âme farouche Qui n'avait point de sentiment. Nous soupirons également Et nous baisons si doucement Que l'eau nous vient en la bouche. Nos cours, qui goûtent à loisir Cette innocente jouissance, Font une éternelle alliance, Et s'ils ont quelque défaillance, Ce n'est que de trop de plaisir Certes ma gloire peu commune Me fait oublier le passé, J'embrasse ou je suis embrassé, Et je ne suis point menacé Du changement de ma fortune. Si voulant mes feux apaiser Dans ces délices je me pâme, Phyllis d'un souffle me renflamme, Et me fait connaître que l'âme Est souvent fille d'un baiser. Ainsi d'une ardeur sans égale, Une nymphe embrassait Daphnis ; Ainsi de baisers infinis, Vénus contentait Adonis, Et l'Aurore obligeait Céphale. Ni la manne qui vient des deux, Ni tout ce que Flore possède, Ni le nectar de Ganymède N'a point de douceur qui ne cède A ce baiser délicieux. Il est à mon âme embrasée Ce qu'est le remède aux douleurs, Ce que zéphyre est aux chaleurs, Ce qu'aux abeilles sont les fleurs, Et ce qu'aux fleurs est la rosée. |
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Claude Malleville (1596 - 1647) |
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Portrait de Claude Malleville | |||||||||