Claude Roy |
Légère ô ma légère enfant mon petit nuage éveille-toi ô mes délices assoupies ma douce amie mon endormie éveille-toi reviens ici car tandis que tu n'y es pas par la fenêtre du jardin parmi les branches du tilleul une étoile entre et vire et vole pleine de familiarité et vient se poser sur ta main doucement sans te réveiller puis caresse un peu tes cheveux et s'en va comme elle est venue par la fenêtre ouverte et claire avec son pas d'enfant pieds-nus sa lourdeur d'ange maladroit L'étoile appelle tout le ciel qui nous effleure en bourdonnant et les abeilles de la nuit viennent timidement goûter les fleurs distraites de ton corps et sa tiède clarté de lait fait plaisir à l'obscurité Altaïr et Dénebola se reposent sur ton cou Bételgeuse et les Trois Rois viennent boire dans ta main Céléno Mériope Orion Antarès et Procyon sont blottis contre tes flancs le Centaure et le Grand Chien se sont couchés à tes pieds si je te prends dans mes bras j'embrasse le ciel entier Mon doux oillet tiède et serré mon beau bouquet d'ombre et de chair entre Mirab et le Navire tu reposeras jusqu'au jour quand le Grand Jardinier d'en haut récoltera tous ses fruits mûrs et rentrera tous ses troupeaux et lâchera tous ses oiseaux qui viendront goûter à leur tour ce que les astres disparus auront veillé toute la nuit Le rossignol et le loriot prendront la place des Gémeaux mais quand tu ouvriras les yeux tu sentiras contre ta joue un petit reste de clarté un peu plus salée que le jour comme un souvenir de Persée. |
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Claude Roy (1915 - ?) |
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Portrait de Claude Roy | |||||||||