Claude Roy |
La mer dès le matin avait tant à nous dire Je n'écoutais que toi Elle avait beau fourrer son museau dans mes mains rabâcher son histoire sauter à notre cou, nous mordre, nous lécher pour elle j'étais sourd Je n'écoutais que toi ton souffle ton odeur ta façon d'être là ton corps qui se baignait dans l'écume du lit tes seins de magnolia Je plongeais replongeais dans ta tiédeur salée et je perdais haleine La mer et le soleil à n'en jamais finir avaient beau chuchoter faufiler leurs chansons à travers la persienne je n'écoutais que toi Avant de s'endormir les amants au long cours le soleil en allé dans le noir en parlant font de leur alentour un jardin plein d'allées Ils y marchent longtemps ayant doucement dit au cour opérateur de rejouer pour eux le film au ralenti de leur ancien bonheur Pellicule rayée et qui se décolore jadis s'est transmué à l'envers du présent si parlant et sonore en cinéma muet Mais les amants voguant au fil de la nuit lente bras dessus bras dessous aiment ce cinéma que la mémoire invente et le soleil dissout J'étais plus que la mer entêté à te mordre toi plus nue dans mes bras que la mer et le ciel et le vent et la mer toi qui n'étais que toi. |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Claude Roy (1915 - ?) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Claude Roy | |||||||||