Claude Roy |
Où serons-nous et quel soleil nous saluera se réveillant quand le brouillard de ce matin d'automne aura replié sa voilure d'eau grise les sourdes dormantes nappes indécises et transies qui laissent sommeiller la terre dormeuse Où serons-nous au sortir du tocsin silencieux de la brume et quel paysage immergé renaîtra de cette fausse absence Écoute l'eau goutte Une voix (de quel enfant) Des sabots qui traînent (d'où) Un rire suspendu dans la route qu'on ne voit pas dans le matin laiteux et qui respire à peine Ah si je pouvais retrouver mon chemin dans les brouillards d'octobre est-ce toi est-ce, J'-enfant de ton enfance que je rencontrerais la petite fille de six ans qui portait son cartable en allant à l'école Est-ce lui le petit garçon tout taché de rousseur à la pèlerine déjà alourdie d'eau qui apprenait à lire et à écrire dans le syllabaire Regimbaud est-ce moi cet autre d'autrefois qui joue avec toi à la marelle entre Ciel et Enfer Est-ce nous deux d'avant nous deux Est-ce nous deux d'avant cette aurore percluse Mais revient le soleil La brume va dormir dans ses légers repaires Il n'y a plus ici que deux grandes personnes et même plus les pas sur la route incertaine des deux enfants qu'ils furent autrefois lors d'un très autre automne au-delà du brouillard et des bois résignés et de l'eau goutte à goutte qui nous rêve en sourdine O brumes de l'automne Matins O pas perdus |
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Claude Roy (1915 - ?) |
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Portrait de Claude Roy | |||||||||